Dans la continuité du cours de bachelier, LARKE1230 Matériaux et techniques de l'Antiquité, cette unité d’enseignement propose un ensemble de cadres théoriques et méthodologiques portant sur l’étude des ensembles d’artefacts archéologiques, selon les différents types de matériaux et gestes techniques employés par les humains qui les ont produits (céramique, pierre, métal, bois, verre). Parallèlement, la variété des trajectoires des objets archéologiques (« biographie des objets ») et de leurs contextes de découverte est discutée, en ce que ces variantes importent au moment des processus interprétatifs. Partant de la description des artefacts archéologiques, on examine les méthodes d’analyse qui permettent de reconstruire les techniques et les usages dont ils ont fait l’objet, et on tente d’approcher en quoi ceux-ci sont les expressions matérialisées des groupes sociaux qui y étaient liés.
La culture matérielle est au cœur de tous les aspects de l'archéologie ; elle a été théorisée selon des concepts divers: matérialité, archéologie symétrique, théorie de l'engagement matériel, théorie de l’« entanglement » (cf. LARKO2231 Histoires et théories de l'archéologie). D’autres approches se concentrent sur les relations entre les êtres humains et les choses/objets en sondant l'interconnexion de leurs vies respectives. On envisage alors notamment le concept et outil de la chaîne opératoire, et la notion de biographie (ou trajectoire, ou itinéraire) des objets.
Dans le premier cas, partant des artefacts (et échantillons) archéologiques, on s’intéresse aux différents types d’opérations, phases, et séquences de la chaîne opératoire employée pour fabriquer des artefacts en céramique, verre, bois, pierre, métal, on aborde les méthodes qui permettent de décrire, caractériser et interpréter ces processus techniques, et on considère en quoi leur étude, en lien étroit avec le contexte de découverte des objets, nous informe sur les caractères spécifiques ou partagés des communautés en question. En définitive, en explorant la diversité des manières de faire, ou traditions techniques des différents groupes sociaux étudiés, on tente d’approcher les dynamiques en jeu, c’est-à-dire tant des contraintes fonctionnelles des matériaux, que des facteurs culturels, ces derniers permettant d’envisager des processus aussi divers que ceux d’invention, d’innovation, d’emprunts, d’adoption, de rejet, de transferts et d’acculturation.
Dans le second cas, des problématiques variées liées aux circulations et aux usages des différentes catégories de matériaux et artefacts archéologiques sont abordées via des cas d’étude. Ceux-ci permettent d’aborder des questions de méthodes, mais aussi d’envisager la variété des représentations et des formes d’interaction ou d’organisation des sociétés anciennes qui manipulaient ces objets, sur des échelles régionales et chronologiques bien différentes.
Au final, à partir de problématiques archéologiques contextuellement ancrées, et en faisant appel à des méthodes d’analyse empruntée aux anthropologues et à l’archéologie expérimentale (principe de l’analogie, vu notre documentation par essence lacunaire), l’archéologue peut envisager les techniques et les usages liés aux objets comme des productions sociales. L’approche croisée d’un ensemble de travaux peut in fine nous renseigner sur des schémas interprétatifs (ou concepts) plus transversaux de la culture matérielle des sociétés humaines (comment définit-on un atelier ? ; quels sont les modes de transmission des savoirs et les contextes d'apprentissage des humains ? ; comment approche-t-on les différentes échelles des réseaux d’échange d’une communauté ? que peut-on dire de la répartition genrée du travail et des activités domestiques ? ; que disent les objets des activités de maintenance et de subsistance au sein d’une maisonnée ?).