| L’espace,
les infrastructures, la matière sont souvent définis de manière
abstraite, quantifiable et mesurable. Pourtant, notre expérience de ces
enjeux n'est ni naturelle ni neutre. De plus, la globalisation, les
crises économiques mondiales caractérisées par de nouvelles formes de
déterritorialisation, l’émergence de nouvelles technologies de transport
et de communication, le changement climatique ainsi que les mobilités
et migrations ont contribué à ébranler les hypothèses implicites sur la
fixité des populations. C'est pourquoi, depuis les années 1990, on
assiste à un « Spatial Turn » au sein de la recherche en sciences
sociales. D’un point de vue anthropologique, l’étude de la spatialité,
des infrastructures et de la matérialité souligne leurs dimensions
relationnelles, enchevêtrées, fractales, nous permettant de suivre les
formes complexes d'interaction, de circulation, de connectivité entre
humains et non-humains. De nouvelles formes relationnelles émergent
ainsi continuellement et s’inscrivent dans des formations
politico-économiques et historiques particulières. Les anthropologues
sont dorénavant amenés à prendre en compte ces enjeux et contextes, de
manière plus complexe, que la simple adaptation des humains à leur
environnement physique. Pouvoir, espace, infrastructures et matérialité
sont intimement liés, structurant et façonnant différents rapports de
domination et de résistance en termes de race, classe, genre... La
matérialité des corps et une approche sensorielle de l’espace nous
invitent à repenser notre analyse des dynamiques spatiales. En
s'appuyant sur une série de cas ethnographiques, ce cours analyse les
développements au sein de l’anthropologie engendrés par ce « Spatial
turn » et les des défis à la fois théorique, méthodologique et
épistémologique qu’il pose. Il s’agit de saisir comment les dynamiques
identitaires, les relations et les modes de vie sont façonnées par les
dynamiques spatiales ainsi que les contextes historiques et socio-
politiques. Ce cours introduit, de manière critique, aux approches, concepts clés, méthodologies et débats en anthropologie permettant de penser la spatialité, l’habiter, la matérialité et les infrastructures. Ces enjeux sont analysés au regard de la mobilité, de la globalisation et de l’articulation des échelles. A partir d’une approche intersectionnelle, le cours investigue aussi les rapports de race, de classe et de genre imbriqués dans et structurant les dynamiques spatiales. Il s’agit de saisir comment les dynamiques identitaires, les relations et les modes de vie sont façonnées par les dynamiques spatiales ainsi que les contextes historiques et socio- politiques. Le cours se structure autour de sessions thématiques abordant différentes études de cas. |
- Leraar: Deridder Marie