Le cours a pour objet central l'étude approfondie des règles et des principes qui régissent les débats devant la Cour constitutionnelle belge : les normes contrôlées par la Cour, la notion de " bloc de constitutionnalité ", la composition et le fonctionnement de la Cour, les modes de saisine (recours en annulation et renvoi préjudiciel), la procédure, les effets des arrêts, etc. De surcroît, le cours s'inscrit dans une réflexion plus globale sur le contrôle de constitutionnalité des lois et, donc, sur la justice constitutionnelle. Il importe, en effet, de situer le contentieux constitutionnel belge dans les contextes qui peuvent contribuer à lui donner un sens : théorique, historique, géographique, philosophique, politique, etc. C'est ainsi qu'une place significative est réservée au droit comparé, c'est-à-dire à la comparaison entre la Cour constitutionnelle belge et les juridictions constitutionnelles étrangères les plus significatives, que ce soit en Europe (Allemagne, Italie, France, Espagne, Portugal, etc.) ou ailleurs (Etats-Unis et Canada). De manière plus systématique, il conviendra de se pencher sur la distinction traditionnelle entre les deux modèles de justice constitutionnelle - le modèle américain (judicial review) et le modèle européen ou " kelsénien " (constitutional review) - et de s'interroger sur la pertinence de cette distinction. C'est ainsi également que le cours est traversé par une interrogation permanente, relative à la légitimité de la Cour constitutionnelle : au nom de quels impératifs, douze juges sont-ils autorisés à s'élever contre la volonté exprimée par plusieurs dizaines de représentants de la souveraineté populaire ? Au nom de quelles valeurs ont-ils pu intervenir dans des domaines traditionnellement réservés à la discrétion des parlementaires ? L'on pense, entre autres choses, à l'école, aux relations familiales, à la fiscalité, à la sécurité sociale, à l'environnement, à la santé, aux loisirs ou à l'économie. Est-il juste qu'ils se soient prononcés dans des débats sociétaux aussi sensibles que l'avortement, le statut des réfugiés, la répression du négationnisme, le racisme, les sectes, les écoutes téléphoniques, le crédit à la consommation, les communes à facilités, l'inceste ou encore les nuisances sonores causées par les avions ? Doit-on y voir un affront à la démocratie ? Ou bien, au contraire, la Cour constitutionnelle révèle-t-elle une autre conception de la démocratie ? La question de la légitimité de la Cour constitutionnelle est celle de sa justification : dans un régime démocratique, où la loi est censée être l'incarnation de la volonté de la population et le miroir de ses préoccupations, la Cour constitutionnelle est-elle la meilleure autorité pour censurer les lois qui contreviennent à la Constitution et, si oui, pour quelles raisons ? Il y va d'une question fondamentale, de nature à interpeller tous les étudiants, et pas seulement ceux versés dans le droit constitutionnel. Car, ce sont aujourd'hui toutes les branches du droit qui sont concernées par la problématique de la place du juge constitutionnel dans la société démocratique. Une des séances sera consacrée à un débat avec un juge et un référendaire de la Cour constitutionnelle.