LFILO2130 - Philosophie de la religion A (2021-2022)
Étude des stratégies d’objectivation du phénomène religieux
Tant la philosophie de la
religion que les sciences humaines et sociales des religions se sont heurtées à
la question première de l’autoréférentialité de l’objet religieux qui se
connaît et se vit sous la forme d’une pratique à laquelle l’esprit comme le
corps adhèrent à leur façon. Que l’on aborde une tradition comme étant partie
d’elle-même ou à la manière d’un enquêteur qui se penche sur ses traces
historiques et s’efforce de les comprendre (et donc de les réinterpréter) comme
parties authentiques ou non d’un corpus, le rapport interne à ce phénomène
autoréférentiel demeure entier : peu importe que l’expert soit un
porte-parole ou un savant indépendant, il devient le détenteur d’un sens qui ne
se comprend qu’en fonction de lui-même, comme doctrine, loi, sagesse ou forme
de vie. Devant cette forme d’indexicalité propre au savoir de l’autoréférence,
où ont prévalu les stratégies historico-critiques et herméneutiques, d’autres
stratégies ont vu le jour pour se détacher des processus de subjectivation
inévitablement corrélatifs des stratégies déjà connues. On a ainsi tenté des
approches liées à la théorie de la firme et à la théorie des organisations, on
s’est focalisé sur les comportements d’agents sur le marché des biens
spirituels et des croyances, avec des providers et des usagers, on a aussi
tenté d’objectiver les échelles de valeurs et de cerner l’évolution des
demandes spirituelles. Toutes ces tentatives (et d’autres encore) relancent la
question du savoir scientifique réellement disponible sur la puissance de ces
phénomènes et sur la manière d’élaborer une politique rationnelle les concernant,
sans devoir recourir à des notions autoréférentielles par excellence comme
celle notamment de « radicalisation ».
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Modalités d’évaluation :
Travail de 10 pages à réaliser à partir d’une lecture de commentaire proposé en farde de lecture. Suite à l’envoi de ce travail par mail, l’étudiant recevra en retour une question sur le travail à préparer pour l’examen oral.
Exposé de la question lors de l’examen oral (15 min.).
Le travail peut être réalisé en français, en anglais, en espagnol ou en allemand, moyennant accord avec le titulaire.
- Enseignant: Maesschalck Marc