LFILO2130 - Philosophie de la religion A (2021-2022)

Étude des stratégies d’objectivation du phénomène religieux

Tant la philosophie de la religion que les sciences humaines et sociales des religions se sont heurtées à la question première de l’autoréférentialité de l’objet religieux qui se connaît et se vit sous la forme d’une pratique à laquelle l’esprit comme le corps adhèrent à leur façon. Que l’on aborde une tradition comme étant partie d’elle-même ou à la manière d’un enquêteur qui se penche sur ses traces historiques et s’efforce de les comprendre (et donc de les réinterpréter) comme parties authentiques ou non d’un corpus, le rapport interne à ce phénomène autoréférentiel demeure entier : peu importe que l’expert soit un porte-parole ou un savant indépendant, il devient le détenteur d’un sens qui ne se comprend qu’en fonction de lui-même, comme doctrine, loi, sagesse ou forme de vie. Devant cette forme d’indexicalité propre au savoir de l’autoréférence, où ont prévalu les stratégies historico-critiques et herméneutiques, d’autres stratégies ont vu le jour pour se détacher des processus de subjectivation inévitablement corrélatifs des stratégies déjà connues. On a ainsi tenté des approches liées à la théorie de la firme et à la théorie des organisations, on s’est focalisé sur les comportements d’agents sur le marché des biens spirituels et des croyances, avec des providers et des usagers, on a aussi tenté d’objectiver les échelles de valeurs et de cerner l’évolution des demandes spirituelles. Toutes ces tentatives (et d’autres encore) relancent la question du savoir scientifique réellement disponible sur la puissance de ces phénomènes et sur la manière d’élaborer une politique rationnelle les concernant, sans devoir recourir à des notions autoréférentielles par excellence comme celle notamment de « radicalisation ».


  • Azria R. & Hervieu-Léger D. (éd.), Dictionnaire des faits religieux, P.U.F., Paris, 2010.
  • Bréchon P., « La religiosité en Europe de l’Ouest », in Futuribles, 2013, n° 395, pp. 105-117 ;
  • Bréchon Pierre, « Les attitudes religieuses en France : quelles recompositions en cours? », in Archives de Sciences sociales des Religions, 2000, n° 109, pp. 11-30.
  • Emmons R. A., The Psychology of Ultimate Concerns: Motivation and Spirituality in Personality, Guilford Press, New York, 1999.
  • Ester P., Halman L. et Moor R. de, The Individualizing Society, Value Change in Europe and North America, Tilburg University Press, 1993.
  • Inglehart R., Modernization and Postmodernization. Cultural, Economic and Political Change in 43 Societies, Princeton University Press, 1997.
  • Jelen T.G. et Wilcox C. (eds), Religion and Politics in Comparative Perspective, Cambridge UP, Cambridge, 2002.
  • Jobin G., Larouche J.-M., Maesschalck M. (éds), « La religion dans l’espace public », Numéro spécial de Ethique publique, 8/1 (2006).
  • Maesschalck M., « La philosophie de la religion et le tournant pragmatiste des sciences sociales », in Archivio di filosofia, LXXV/1-2 (2007), pp. 397- 412.
  • Tarot Camille, Précis de religion, Les transformations d’un refoulé, Le Bord de l’Eau, Lormont, 2021. 
  • Welzel et R. Inglehart, « Mass Beliefs in Comparative politics », in The Oxford Handbook of Comparative Polities, C. Boix et S. C. Stokes (eds), Oxford University Press, Oxford, 2007, pp. 297-316.

Modalités d’évaluation :

Travail de 10 pages à réaliser à partir d’une lecture de commentaire proposé en farde de lecture. Suite à l’envoi de ce travail par mail, l’étudiant recevra en retour une question sur le travail à préparer pour l’examen oral.

Exposé de la question lors de l’examen oral (15 min.).

Le travail peut être réalisé en français, en anglais, en espagnol ou en allemand, moyennant accord avec le titulaire.